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Pendant que nous sommes en France, en pleine préparations de notre voyage au long cours, d’autres parcourent déjà des routes inconnues, comme mon « petit » frère Ben. Installé au Vietnam et plus précisément à Ho Chi Minh depuis un an (et de retour en France pour quelques mois pour notre plus grand bonheur ! Enfin, je ne devrais rien dire, dans quelques mois c’est notre tour !), Ben nous raconte sa virée dans la province de Dak Lak avec des amis…
This post is also available in: English (Anglais)
Et c’est parti pour 10 heures de sleeping bus. Il est 20h à Saigon, les routes sont encore bondées et notre bus se faufile dans la fourmilière pour sortir de la ville, direction Buon Ma Thuot, à 350 kilomètres au Nord, près de la Frontière cambodgienne. Le Dak Lak, ou la région du café et des Hauts plateaux.
Donc 10 heures pour ça oui… Le trajet n’est pas forcément la meilleure partie : je suis pris en sandwich entre deux Vietnamiens qui vomissent leurs tripes dans des sacs, les bruits et la douce odeur de noodles qui vont avec. C’est vrai que ça secoue bien dans le bus, les routes sont pleines de trous et pas entretenues, c’est folklo ! Pas facile de dormir avec tout ça.
On arrive bien en forme à Buon Ma Thuot au lever du soleil, mais on se gèle ici ! Habitués à la chaleur de Saigon, on sent la différence ici : bien plus au Nord, à 800 mètres d’altitude, ça réveille bien le matin… Je décide de partir discrètement avec les couvertures gracieusement fournies dans le bus au fond de mon sac, les deux prochaines nuits sous la tente risquant d’être rudes !
Après un petit déjeuner café-Phỏ, on loue des scooters semi-automatiques (« Xe mai » en Viet, prononciation « Sé maille » dérivé de l’anglais « semi », bref…), pour rejoindre une petite exploitation de café à Ea Tân, à 80 bornes au Nord.
La route pour y arriver est juste incroyable : petite route de campagne entourée par les champs de café fleuris.
On a l’impression de littéralement tracer dans les grandes lignes droites, mais on atteint grand maximum les 60 km/h… Toujours freinés par les trous énormes dans la route, qui se transforme parfois en terrain de moto-cross, il faut s’accrocher.
Les arbres disposés de manière régulière sont destinés à la production de caoutchouc. Un endroit insolite où les bons aventuriers que nous sommes ont jugé bon de faire une pause. La route continue, mais pas de bobos, c’était trop beau.
Il se met à pleuvoir de manière qu’on qualifierait facilement de tropicale, alors qu’on traverse une route en terre, le pire moment possible. On s’arrête pour enfiler chacun notre « rain coat », cette espèce de bâche qu’on enfile à la moindre goutte, un accessoire de mode absolument incontournable. Je repars un peu en retard par rapport aux autres et au bout de 30 mètres, c’est le drame : je découvre Armel étalé par terre sous sa moto, complètement sonné. Il saigne pas mal, il vient de se faire vraiment mal au menton et ce n’est pas beau du tout. Des locaux accourent, c’est l’événement du village ! Le pauvre Armel s’est ouvert bien profond. Direction l’hôpital, heureusement à seulement 4 bornes plus loin.
Sur place, c’est aussi l’évènement, tout le staff de l’hôpital passe dans la chambre pendant qu’Armel se fait recoudre. Nous pendant ce temps-là, on se fait aborder par un viel homme habillé en colonel de l’armée vietnamienne qui tient absolument à nous montrer ses électrocardiogrammes. Encore en forme, papy.
Après 8h de moto, 7 points sous le menton et une belle frayeur tout de même, on arrive finalement à l’exploitation. C’est magnifique et c’est très calme. La petite baraque bien vétuste surplombe le champ de caféiers, où des Vietnamiens ramassent des cerises. Ils sont pieds nus et bossent comme des dingues sous la pluie. Une partie de la récolte précédente sèche devant la maison.
La soirée qui suit est mémorable : bon barbecue à base de canard cuit à la broche au-dessus du feu de bois. Le digestif fait moins plaisir : le patron vient vers nous, tout content avec un gros bocal rempli d’un drôle de liquide où baignent une dizaine de serpents et de têtes de poulet !! Allez juste un shot pour goûter… Eh bien ça ne marche pas comme ça ici : tant que l’hôte t’en offre, tu ne peux pas vraiment refuser… vraiment pas bon et super fort !! On y passe tous une dizaine de fois avec plaisir, une soirée mémorable…
La nuit sous la tente qui suit est délicieuse. A même le sol et dans le froid, je ne pas mécontent de la couette offerte par la compagnie de bus.
Le deuxième jour, on est censés travailler dans les champs, mais la gérante nous emmène finalement boire un café au village du coin. Super fort, mais super bon, ça change des snake shots ! On passe un bon moment avec tous les enfants qui sortent de l’école. On enchaîne les photos avec eux, trop marrant.
Le reste de la journée n’est pas très productif : petite balade à moto pour admirer la vue et pèche dans l’étang de l’exploitation. Zéro pointé pour moi, je suis très déçu, il y avait des piranhas !
Le soir, même topo, on prend les mêmes et on recommence. Nouveauté tout de même, cette fois ci, le barbecue est une poule achetée vivante au marché, ramenée vivante en scooter la tête en bas et tuée à la maison à grâce à une simple incision à l’artère qu’il faut. La deuxième nuit est tout aussi agréable que la première.
Le lendemain, il est déjà le temps de repartir. Moins de péripéties sur ce voyage de retour. Un trajet en moto rapide et sans problème et deux cachets de somnifère avalés dans le sleeping bus direction Saigon. Dodo non-stop et réveil dans la chaleur et une circulation dense, on est bien à la maison !
Bilan incroyable pour ce petit voyage, avec des paysages superbes et des gens gentils et généreux. J’ai parfois eu l’impression de découvrir la vraie vie dans cet endroit. Tout ça pousse un peu à la réflexion, surtout quand le gérant regarde ta main, touche ta paume et te dis : « Tu n’as pas de corne, c’est pas des mains d’homme ça ! ».